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Deuxième temps d’une semaine où nous empruntons
l’autoroute. Aujourd’hui, nous nous arrêtons sur
une aire. Notre invité, le photographe Julien Magre
expose au BAL une série de photographies
consacrée à l’autoroute.

Hier, nous évoquions le développement du réseau
autoroutier en France, les décisions politiques qui
y président, les montages financiers, la privatisation,
et les enjeux économiques, humains, géographiques
de tel ou tel tracé. Aujourd’hui, voilà longtemps que
l’autoroute est tracée, coulée sous nos roues,
tellement longtemps que son sol est la cristallisation
de tous les imaginaires, de toutes les histoires, de
tous les cauchemars de celles et ceux qui l’empruntent.
Les images dont nous parlons aujourd’hui sont
installées sur une route de lumière. Il se peut que
je l’aie prise à l’envers. Pour moi, la route commence
donc par le visage flashé d’une petite fille, qui feint
ou ne feint pas la terreur, la suite pourrait
s’organiser comme s’organisent les images d’une
nuit d’insomnie précédant le voyage.
S’il y a lieu, si l’autoroute est un lieu, et si nous
le traversons à si grande vitesse, c’est peut-être
par peur d’y rencontrer nos propres accidents.
A cette éminente horizontalité des espaces,
des déplacements et des rêves (même les stations
d’essence ont toujours l’air d’être déformées
ou aplaties) répond la récurrente verticalité
des arbres qui ponctuent les bords. Derrière
les arbres se cachent des enfants sauvages, et sur
les sièges arrières, des faons endormis.

Marie Richeux

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