Voici la note d'intention que Philippe Guionie a écrit
pour mon dossier du Prix Niepce (Gens d'images) 2022,
prix que j'ai eu la joie de remporter en juin 2022.
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« En Vie » est le titre de ce corpus 
de photographies.
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La première image représente une jeune femme Caroline, 
photographiée en 1999. L’image est décadrée, invitation au hors-champ. 
Assise dans l’herbe, visage coupé, un subtil mouvement de mains 
définit les contours d’une douce intimité.
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La dernière image est une photographie de famille réalisée lors 
des vacances de la Toussaint sur une plage de Bretagne en 2020. 
C’est aussi un jeu de main, celle de Julien qui affleure le cadre 
sur sa gauche.
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Entre les deux, une vingtaine d’années, la Vie en majuscule.
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Je n’avais jamais rencontré Julien Magre avant de le parrainer 
pour le prix Niépce, édition 2022 et pourtant, les photographies 
de sa famille m’étaient déjà presque toutes familières. Caroline, Julien, 
Louise, Suzanne, Paul étaient devenu.es comme des identités 
de proximité. Je ressentais et je ressens toujours un étrange et doux 
sentiment d’appartenance. Cette famille est aussi quelque part la mienne. 
N’est-ce-pas la force de la photographie de rendre familier ce qui 
ne l’est pas, de rendre accessible ce qui est lointain, de rendre immense 
les choses minuscules. Ne vous y trompez pas, bien au-delà des codes 
classiques de représenta- tions de la photographie vernaculaire, 
la photographie de Julien Magre est une photographie d’auteur qui 
ose et affirme.
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La photographie est aussi une affaire d’obsessions et de solitudes. 
Depuis plusieurs décennies, avec constance et humilité, Julien photographie 
sa famille, en famille, avec ses permanences, ses joies, ses fractures, 
ses fulgurances et ses silences. Il photographie «droit», sans ambages. 
La force de ses images est dans la sobriété des formes. La distance au sujet 
est courte, quelques mètres, quelques dizaines de mètres tout au plus. 
Il a le talent de celles et ceux qui savent planter le décor et incarner 
des choses simples pour les rendre universelles : un geste, une main, 
un visage, un regard, un paysage, un objet, une concordance des temps. 
« La photographie est une brève complicité entre la prévoyance 
et le hasard » écrivait John Stuart Mill, philosophe et économiste 
britannique de la fin du XIXème siècle.
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Sensible et porteuse de sens, son œuvre l’est. Singulière, son œuvre 
l’est aussi. Julien a la modestie de celui qui pose des questions ouvertes 
avec une photographie respectueuse et poétique. Il est l’écrivain de 
ses failles intimes, le dedans et le dehors associés dans un tout 
photographique tendant vers l’universel.
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À l’heure de nos sociétés contemporaines connectées, 
en mutations constantes et interdépendantes, Julien Magre affirme 
avec poésie et douceur que la famille est, et restera un socle. 
Elle l’est pour lui. À travers ses photographies, elle le redevient 
pour nous. En ce sens, l’histoire que Julien Magre nous raconte, 
nous rend modeste et invincible.
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Philippe Guionie.
Toulouse.
19 mai 2022
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Les Tirages que j'ai présenté pour ce prix 
ont été tirées par Fred Jourda.
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© Julien Magre
Courtesy galerie Le Réverbère, 
Lyon
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