C’est un voyage, un voyage avec A., M. et J. .
Un voyage où l’on ne court pas.
Une exploration silencieuse où il ne faut pas s’égarer.

Nous sommes ici pour trouver des pierres
tombées du ciel.
Du matin au soir, nous marchons la tête basse.
C’est une danse spirituelle,
une mystérieuse chorégraphie.
Une quête absurde et magnifique,
une quête bien plus grande que nous.
Et je m’y plais.

Le troisième jour, comme un miracle,
la pierre surgit parmi mille autres pierres,
peut-être plus.
L’œil s’est acclimaté très vite.
Un mirage.
Une couleur qui n’existe pas,
entre le noir et le marron,
le mat et le brillant.
Il y a tant d’autres pierres et pourtant
on ne voit qu’elle, comme un sublime cadeau,
comme une évidence de 500 000 ans.
C’est prodigieux.

La première météorite que je trouve me fait pleurer,
comme si elle m’était destinée.
Il y en a eu d’autres pendant le voyage
mais cette première pierre me raconte la naissance
du monde, elle me dit « Tu es là ».

Marcher méthodiquement encore et encore
dans le vent qui se tend, qui fait corps.
C’est un coeur qui bat.
Il ne s’agit pas d’aller vite.
Ne surtout pas perdre son souffle.
Il faut trouver son propre rythme,
sa propre gravité.
C’est un rituel ésotérique.
Ne pas chercher à chercher,
juste se laisser porter par le sable et le vent.

La nuit arrive, et d’un coup, le froid engloutit tout,
balaie le jour, le vent brûlant et nettoie les souvenirs.
Devant mes yeux, le monde s’étend,
puis s’éteint pour laisser place à un un monde nouveau,
un absolu monde.
Une résurrection.
Surgit alors un ciel peinture démesurément
grand, sublime et pure.
Des milliers d’étoiles.
Des milliers de silence.
Je suis dedans. Je suis vivant.
Le ciel s’avale en moi et mon sang devient ciel.
Je tourne alors sur moi-même et je dis :
« Choisis la joie ».

désert d’Atacama, Chili,
5 février 2025

http://julienmagre.fr/files/gimgs/99_l1001815-site.jpg