Exposition personnelle.
En Vie,
Autour du Prix Niépce.
L’œuvre de Julien Magre s’inscrit dans 
un parcours biographique et les photographies — 
qu’il réalise d’abord exclusivement en argentique, 
selon une méthode instinctive et libérée de toute 
contrainte — capturent la tendresse du temps 
qui passe sur les êtres aimés. L’intimité qui 
est montrée n’est jamais simple, puisque 
le photographe prend grand soin de ne pas 
dévoiler toutes les parcelles de sa vie et opère 
ainsi une transfiguration de la banalité quotidienne.
Il expose ici une sélection de 43 tirages extraits 
d’un corpus de cinquante photographies intitulé 
« En Vie » qu’il avait soumis au juryprix Niépce 2022. 
Elles ont été prises entre 1999 et 2020 et présente 
Caroline, sa femme, etleurs trois enfants : 
Louise, Suzanne et Paul. Ce récit photographique 
et chronologique de vingt ans de vie commune, 
le photographe le compare volontiers à 
un «travelling», la dimension filmique étant 
une composante essentielle dans son travail. 
La narration photographique qui se déploie ici 
sur les cimaises fait alterner grands et petits formats 
comme dans une constellation qui invite aussi 
à des allers-retours entre le singulier et l’universel. 
Le regard du spectateur s’approche, fixe son 
attention là sur un geste, là sur un objet 
et embrasse ainsi que l’écrit le photographe 
lui-même «ces choses minuscules qui [lui] ont 
sans doute sauvé la vie.» Ces fragments 
du quotidien composent un tout quasi-organique, 
«un hymne à la lumière, à l’amour, à la vie. 
Une nécessité. Un acte obligatoire.». 
Quelques paysages viennent également 
ponctuer cette narration, arrêtentle mouvement 
et suspendent la durée, donnent au temps 
une autre cadence, faite de respiration, 
de silence et de contemplation.
Héritière de la grande tradition du 
«photobiographique» consacrée en France 
par les travaux des années 1970 de Gilles Mora, 
Claude Nori, Denis Roche ou encore Bernard 
Plossu qui proclamaient qu’il n’est pas de 
photographie belle ou touchante qui ne porte 
la trace d’un investissement etnd’une nécessité 
autobiographiques dans l’acte photographique 
même, l’œuvre de Julien Magre retranscrit 
le rythme de la vie fait d’accélérations, 
de ralentis, de fêluresgrâce aux ressources 
propres du photographique qui est d’abord 
question de cadrage et de déclenchement.
Comme a pu l’écrire, Philippe Guionie, directeur 
de la Résidence 1+2 à Toulouse qui a présenté 
la candidature de Julien Magre au jury du prix 
Niépce cette année : «[on] ressent face à ses 
photographiesun étrange et doux sentiment 
d’appartenance. N’est-ce pas la force de la 
photographie de rendre familier ce qui ne l’est pas, 
de rendre accessible ce qui est lointain, de rendre 
immense les choses minuscules. Ne vous 
y trompez pas, bien au-delà des codes classiques 
de représentations de la photographie vernaculaire, 
la photographie de Julien Magre est une 
photographie d’auteur qui ose et affirme.»
Les tirages ici présentés ont été réalisés par 
Fred Jourda des laboratoires PICTO avec qui Julien 
Magre collabore depuis 18 ans : les tirages couleur 
ont été réalisés à l’agrandisseur d’après négatif 
et les tirages noir et blanc d’après fichiers, 
en argentique lambda.
Héloïse Conésa,
Conservatrice du patrimoine, chargée de la collection 
de photographie contemporaine. Cheffe du service 
de la photographie, Département des Estampes et 
de la Photographie Bibliothèque nationale de France.
La BNF,
site François Mitterrand.
Paris.
Avec le soutien de Gens d'images, du ministère
de la Culture et de la galerie du Réverbère, Lyon.
EXPOSITION
du 13 décembre 2022 au 12 mars 2023,
